Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/652

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cesseurs ; ayant mis les clefs des portes entre les mains des officiers, suivant les forz et coustumes du lieu, comme elles ont esté de tout temps, sans avoir tousché aux murailles, ains seullement faict ouvrir, par dedans la ville, une tour d’une des portes d’icelle, que les factieux avoient transformée en une citadelle dont on se servoit encores contre la teneur des editz, et y avoit dedans garnison lorsque j’y arrivay ; le tout à la requisition des magistrats, officiers et consulz de la dicte ville, et sans rien innover, ains remectre toutes choses comme elles estoient auparavant les troubles, ainsi qu’il appert par actes authentiques. Mais toutes mes meilleures actions sont mal interprétées et denoncées à gens qui taschent de les déguiser à Vostre Majesté, et me condampner promptement sans m’ouïr et sans s’en estre bien informez, comme il est advenu à la fortification de la maison du Casse, laquelle ayant faict applanir, de sorte que les charrettes y eussent couru, on a faict entendre que je ne l’avois faict qu’esgratigner. Le mesme a esté faict pour le voyage du sr de Segur, qui n’est aulcunement contre vostre service, ainsy que j’ay donné charge au sr de Chassincourt vous en satisfaire, en m’asseurant que Vostre Majesté, estant informée de la verité, ne le prendra en mauvaise part, et que les artifices de personne quelconque n’auront ceste puissance de faire croire à Vostre Majesté que je soys aultre que desireux d’estre perpetué en sa bonne grace, en luy rendant toute ma vye le tres humble et tres fidelle service que je luy doibs.

Quant à ce qui touche mon particulier, pour n’en ennuyer Vostre Majesté, je remectray au dict sr de Chassincourt à luy en parler s’il luy plaist à l’ouyr. Seulement je La supplieray tres humblement, Monseigneur, voulloir commander que je sois aultrement traité, et mesme à ce commencement d’an, que les années passées pour le regard de ma pension, qui est aultrement considerable que les aultres (comme Vostre Majesté sçait), parce qu’elle est fondée sur la perte d’un royaulme, faicte pour le service de ceste couronne[1]. Pareillement le

  1. En 1511, Catherine, reine de Navarre, et Jean d’Albret, son mari, refusèrent à Ferdinand, roi d’Aragon, le passage sur leurs terres pour porter la guerre en Guienne. Ce refus tourna les armes de Ferdinand contre la Navarre, qui fut conquise entièrement au delà des Pyrénées en 1512, et réunie à la Castille en 1515.