Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/738

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la Religion, mais aussy d’aucuns catholiques, de ce qu’il n’y a libre accés et demeure en la ville de Perigueux[1], pour l’exercice de la justice et pour les parties qui la y vont cercher. Puis nagueres ils y ont renforcé la garnison et mis dedans des estrangers ; et se fait des recerches non accoustumées en la dicte ville où est la seance d’un parlement, qui doit apporter seureté au lieu où il est. De sorte que chacun aime mieux quicter ses procès qu’ exposer sa vie au danger d’une sedition suscitée. Entre autres les srs de Plassac, de Montrogu, de Linards ont esté contrains, à ceste occasion, de vuider la ville, voyans l’estat d’icelle ne tendre qu’à sedition. Il y a des catholiques mesmes qui en sont sortis, d’autres qui n’y veulent entrer, encores qu’ils ne soient prevenus, et s’accordent en cela avec les dicts de la Religion, voulans protester de nullité de tous actes et procedures qui se feront par messrs de la chambre ; lesquels, sur les plaintes generales et particulieres qui leur en ont esté faictes, ont respondu que, contre ce qu’ils avoient creu, lors de leurs premieres seances, il leur est im-

  1. La Reine Marguerite s’était même chargée de recommander au roi son mari une plainte des magistrats de cette ville, comme on le voit dans la lettre inédite suivante :
    « Monsieur, Les officiers du Roy, mon seigneur et frere, de la ville de Perigueux, sont venus icy, pensans vous y trouver encores, pour, de la part de ceulx des habitans d’icelle qui en sont absens, vous faire quelques remonstrances concernant le bien commun, repos et conservation de la dicte ville, et en particulier leur rétablissement et libre et seur accez et retour en icelle. Et d’aultant qu’ils ont trouvé que vous estiez jà parti, ils ont eu recours à moy pour les assister de ma priere et recommandetion envers vous ; ce que je n’ay peu leur refuser, ains bien volontiers voulu les accompagner de ce mot de lettre, pour vous supplier trez humblement, Monsieur, les vouloir faire ouïr, et donner si bonne et favorable expedition sur leurs plus justes doleances et humbles remonstrances, qu’ils en puissent remporter la bonne response et heureux succez en leurs affaires qu’ils esperent de vostre naturelle bonté, doulceur et equité. Et oultre l’obligation qu’ils vous en auront, et tout le pays de Perigord, vous leur augmenterez l’affection et devotion qu’ils ont à vostre service, et en moy la volonté de vous obeïr et servir, et de prier Dieu, comme je fais de tout mon cœur, aprés vous avoir trez humblement baisé les mains, vous donner, Monsieur, en parfaite santé, trez heureuse et longue vie, avec tout l’heur et contentement que vous desire.....................
    « Escript, etc.
    [MARGUERITE.]


    (Cop. — Biblioth. de Tours, ancien manuscrit des Carmes, coté M, n° 50, Lettres historiques, p. 9. Communiqué par M. le préfet.)