Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/739

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possible d’y remedier à present, attendu l’insolence du peuple, non accoustumé à respecter la justice, et qu’ils n’ont la force en la main pour la y faire obeyr. Ce qui m’a faict vous despecher ce gentilhomme exprés, pour vous pryer bien affectueusement, mon Cousin, d’y pourvoir par les remedes que vous avés en main. Vostre compagnie de gensdarmes et celles de gens de pied, qui sont maintenant esparses çà et là, sont destinées pour tenir la main forte à la justice, et nommeement pour la chambre, laquelle, à faute d’en estre assistée et fortifiée, est rendue inutile et sans moyen de faire justice. Et ceux de la ville de Perigueux, au lieu d’avoir craint et reveré la face de la dicte justice, l’auront desormais en plus de mespris. Il me semble, mon Cousin, qu’il est necessaire, ou fort utile, pour le service du Roy et pour le bien de la paix et affermissement d’icelle, et pour lever les deffiances de plus en plus, et mesmes pour la manutention de la justice, de faire acheminer les dictes compagnies à Perigueux pour servir à l’effet pour lequel elles sont entretenues, et vous mesmes, s’il vous plaist, prendre la peine pour quelques jours d’y aller, pour ce que vostre presence et auctorité feront rendre celle qui est deue à la dicte chambre, et l’obeyssance qu’il convient à la justice. À quoy m’asseurant, mon Cousin, que vous estes tres affectionné et à tout ce qui sert au bien de la paix, je ne vous en diray davantage, sy ce n’est pour vous pryer de m’aimer tousjours, et croire que je veux demeurer à jamais

Vostre plus affectionné cousin et assuré amy,


HENRY.


Mon Cousin, Ceux de Millau avoient obey, premier que le sr de Baraut fust arrivé, dont j’ay esté bien ayse, ayant par là bien cogneu que vous les y aviés bien preparés et disposés, comme aussy je l’ay entendu.


FIN DU TOME PREMIER.