Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome2.djvu/109

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1585. — 25 JUILLET. — Ire.
Orig. — Arch. royales de Saxe. Copie transmise par M. le ministre d`état, baron Lindenau.


[1] ILLUSTRISSIMO PRINCIPI, DOMINO AUGUSTO, SACRI ROMANI IMPERII ARCHI-MARESCALCHO ET ELECTORI, DUCI SAXONIÆ, ETC.


Illustrissime Princeps et Consanguinee carissime, Retulit nobis illustris dominus Jacobus Segurius Pardilianus, legatus noster carissi-

  1. Traduction :

    À L’ILLUSTRE PRINCE ET SEIGNEUR, AUGUSTE, GRAND-MARÉCHAL ET ÉLECTEUR DU SAINT-EMPIRE ROMAIN, DUC DE SAXE, ETC.

    Très-illustre Prince et très-cher Cousin, Le Sieur Jacques de Ségur-Pardaillan, si honorablement connu, notre très-cher ambassadeur, nous a rapporté combien vous êtes zélé pour l’union de l’église chrétienne, et avec quelle bienveillance vous l’avez reçu lui-même, tant par amour pour l’église de Dieu que par l’amitié dont vous nous honorez, lorsqu’il vous a exposé en notre nom le projet d’union qui nous a paru le plus convenable. Certes, il ne pouvait rien nous arriver de plus satisfaisant ni de plus agréable. Rappelez-vous, très-illustre Prince, quelles furent alors les communications que vous fit notre ambassadeur et quel était notre sentiment. Elle a éclaté enfin en ce royaume, après être restée dans l’ombre si longtemps, elle a éclaté, dis-je, cette conjuration si funeste aux églises chrétiennes. Dès son principe, le cardinal de Bourbon, notre oncle paternel, trompé par des menées artificieuses, la couvrit d’un vain nom ; mais elle était en réalité conduite par les Guises ; le Pape attisait le feu, l’Espagnol leur prêtait son appui et menait le branle, les autres dissimulaient habilement leurs projets. Maintenant les choses en sont venues à ce point que le Roi lui-même se déclare, bon gré mal gré, le chef de cette ligue, formée pour la ruine et la destruction de toutes les églises qui ne sont soustraites au pouvoir papal. Vous saurez, très-cher Cousin, les détails de toute cette affaire par notre ambassadeur. Les principaux objets de cette ligue sont : qu’en tous lieux son autorité s’appuiera du concile de Trente ; qu’on ne laissera aucun accès à la religion réformée ; que Roi, princes, nobles, grands, parlements, magistrature, villes, etc. tous enfin et chacun en particulier jureront soumission aux décrets du concile de Trente ; en outre, qu’on désignera un successeur au trône de France qui ne soit pas hérétique, comme ils disent, mais dévoué à l’église romaine, car c’est en cette qualité qu’ils tâchent de nous priver de nos droit de succession à la couronne. Très-illustre Prince, vous voyez facilement où cela tend ; la chose parle d’elle même. C’est par tous ces artifices que le Pape consolide son autorité, depuis longtemps chancelante, c’est au moyen des conventions de cette alliance de Trente, que l’Espagnol usurpe, pièce à pièce, la souveraineté du monde chrétien. Par ce traité, commencé et conclu depuis plusieurs années entre le Pape et