de vos deniers, ny de leurs armes. L’un et l’au.ltre ont esté jà em-
ployés assez de fois en vain. Je plains lepauvre peuple innocent, qui,
souffre presque seul de ces folies. Je plains mesme un grand nombre
d’entre vous `qui contribués à l’ambition de ces perturbateurs, vous,
de vostre pauvreté, eux de leur abondance. Je plains principalement
la faulte que vous faites tous, les uns d’une affection, et les aultres
d’une autre, qui aurés un jour à respondre â ce Royaume et à vostre
patrie des miseres et des precipices ou vous les jettez à vos despens ;
. vous qui devés estre, selon vostre ollice, les appuis de la tranquillité
publique, à respondre devant Dieu de tant de sang innocent qui `
se respand, des desordres et des vices que la guerre, que vous nour-
rissés, amene ; des pleurs, d.es cris et des langueurs de tant de pauvres
familles que vostre abondance devoit ou nourrir ou soulager, que
vous faites instrument de leur misere, cause de leur faim et fleau
de la chose publique. Vous mlalleguerés le zele de l’Eglise ; et je
i veulx bien croire qu’aulctu1s d’entre vous en soyent poussés. Que
dira donc la postérité que vous ayés negligé les offres que _i’ay faictes ;
que vous ayés mieulx aimé mettre tout en confusion que vous dis-
poser à un concile ; mieulx aimé venir au sang que conferer doul-
cement du sens des Escriptures ; mieux aimé la voye de subvertir
. l’Estat que la voye de convertir? les ames que vous pensés desvoyéesîl
mesme y allant de ma personne, que certes vous eussiés deu plus-
tost instruire que destruire. Ceulx qui abusent de vostre zele scavent
bien qu’il leur est impossible de tenir ce qu’ils promettent (je dis
d’extirper la Religion en laquelle je vis) par la force des armes. Ils
ne cerchent pas la reunion de ce Royaume, ains sa ruiner Et souve-
nés-vous qifaultres fois en vain ils vous ont faict vendre vostre tem-
porel- soubs ce pretexte ; et souvenés-vous que vos deniers seront O
’ On ne saurait méconnaître dans le conférer sans des Écritures, le rappro-
style de Mornay une tendance à jouer sur chementdes mots subvertir et convertir sont
les mots, dans toutes les pièces où il peut, ici des exemples de ces concetti, réprouvés
comme dans celle—ci, arranger complai— parle goût actuel, etque le lecteur pourra,
samment S8 PllI`&S€. VERT? (LU. Sllïlg opposé à I‘8`lIl3I’q\1Cl' EI] l)€3llCOUP d,3UlI’CS CI'l(lI’OllLS.
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LETTRES MISSIVES