Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome2.djvu/459

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DU ROI DE NAVARRE. M19 que celle que je crois, m’y rendray, et feray plus ; car je pense que i ._ie ne laisseray nul de mon party qui ne s’y rende avec_—moy. Vous feres ungbeau gain à Dieu, une belle conqueste de consciencesen la mienne seule. Mais de nous conter des paroles, et, sans raisons, nous V persuader qu’à la seule vuedes armes_nous devons estre persuadez, juges, Messieurs, s’il est raisonnable. Or, laissons cela. Si vous desires mon salut simplement, ja vous. remercie. Si vous ne souhaites ma conversion que pour la. crainte que _ vous aves qu’ung jour je vous contraigne, vous aves tort. Mes actions respondent à cela. La facon de laquelle je vis, et avec 1nes amis, et avec mos ennemis, en ma maison et à la guerre, donnent assez de preuves de mon humeur. Les villes ou je suis, et qui depuis peu se sont rendues à moy, en feront foy. Il n’est pas vray-semblable qu’une poignée de gens de ma religion puisse contraindre ung nombre in- lini de catholiques à une cliose à laquelle ce nombre inlini n’a peu ‘ reduire ceste poignée. Et sii_i’ay, avec si peu de forces, desbattu et soubstenu si long temps ceste querelle, que pourroient donc faire _ iceulx qui, avec tant et tant de moyens, sopposeroient, puissans, contre ma contraincte pleine de foiblesse? ll n’y auroit poinct de prudence a ceste procedure. ll n’est pas question de cela à ceste heure. Je ne suis poinct en es- tat de vous laire ny bien ny mal pour encore, Dieu mercy ; je ne se- ray, s’il luy plaist, jamais en ceste espreuve, ny vous en ceste peine. Nous avons tous ung Roy qui me laisserabien de Tapprebension, quand il mourra de vieillesse. Nc nous tourmentons poinct tant de l'advenir bien esloigne, que nous oublyons le present qui nous touche. G Dieu a faict veoir au jour le fond des desseings de tous ceulx qui ' pouvoient remuer en cestlîlstat. Il a descouvert les miens aussi. Nul de A ` vous, nul de la France les ignore. N’est-ce pas unemisere, qu’il n'y ` ait si petit ny si grand en ce Royaume, qui ne voye le mal, qui ne crie contre les armes, qui ne les nomme la iievre continuë et mortellede cest Estat? et neantmoins, jusques icy, nul n’a ouvert la bouche pour y. trouver le remede ; qu’en toute ceste assemblee de Blois, nul n’ait ose x.¤m—nias : ne nnmui xv.— n. • sy i