Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome2.djvu/507

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i DU ROI DE NAVARRE. " I l197 l pour sa presomption : si son maistre punissoit sa jeunesse, ce seroit trop. Ayés donc pitié de luy ; et asteure qu’il Èsera sage a ses despens, retirés-le`, vous en avés plusieurs moyens en vostre main. Il a cest _ honneur de vous appartenir : vous obligerés toute sa race, non à vous servir, car ils levous doibvent, maisa vous aimer, qui est une chose à l quoy les obligations forcent. Je ne le dis pour moy, car je vous jure devant Dieu que je n’aimerois un frere comme je vous aime. Pardonnés-moy ce hardy language ; une douzaine des principaux de vostre Royaulme vous le pussent-ils dire avec autant de verité que je fais! Mon advis sur ces circonstances e_st que, tant que vous ferés de diverses armées, il ne faut douter que ne soyés subject a tels acci— deus. Je diray donc que Vostre Majesté doibt avoir un chef aux pro- I vin_ces ou il n’y en a point, avec ce qu’il luy faut seulement pour con- ’ server ce que vos serviteurs tiennent, et faire que ce qu’il y aura de plus vienne tout à vous. Car rabattant llautorité du chef, les membres ne sont rien. Ceux ique vous envoyés aux provinces veulenttous vous _ acquerir quelque chose, et par là se rendre recommandables. Cest un juste desir, mais non propre pour vostre service asteure. Trois mois de deffensive par vos serviteurs, et vous employer ce temps à . ’ assaillir, vous mettent non du tout hors de peine, mais vos affaires en splendeur et celles devos anemys en mespris, grand chemin-de leur ruyne, Je puis vous donner ce conseil plus hardiment que per- sonne ; nul n’a tant d’interest a vostre grandeur et conservation que moy, nul ne vous peut aimer tant que moy, nul n’a [plus] experimenté cecy que moy, a mon grand regret. Lorsque nous oyons dire : le Roy A faict diverses armées, nous louyons Dieu etdisions : Nous voilà hors de. _ danger d’avoir —du mal ; quand nous entendions : le Roy assemble ses forces et vient en personne, et ne faict qu’une armée, nous nous es- timions., selon le imonde, ruynés. Vostre Majesté juge sur ceste com- i paraison la justice des deux causes ; la difference de l’establisse1n’ent, ( du party ; lesquels sont _le plus aguerris. l..°0n— dira : mais ils ont les ‘ capitales villes. Ce sont les aspics qu’ils nourrissent en leur sein, qui les tueront, si ce que dessus est faict ; maissi ou leur donne loisir, l LETTRES DE HENBI_ IV. • Il. p