Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome3.djvu/100

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. DE HENRI iv. A vs religion, satisfaits et de mes promesses et du bon traictement qu’ils pouvoient esperer- de moy. Pour cest eH’ect j'avois divisé _mon ' armée en trois ; l’une pour llsle-de—France, l’aultre pour la_Cham- Q paigne et la 'Bourgogne, retenant la troisiesme prés de moy. Mais comme je pensois passer au_Pont-de—liArcl1e, estant conseillé`d’aller asseurer ma ville de Dieppe, et pour tirer plusieurs commoditez dont _j’ay esté secouru par ma bonne sœur la Pioyne d’Angleterre, voicy l’armée du duc de Mayenne, avec laquelle _i’ay tousjours esté , depuis aux mains. Vous sçavés les exploicts qui se sont passez, je n’en diray rien d’avantage, sinon que jly ai grandement esprouvé la faveur et assistance de Dieu, et n’ay point intermis l'exercice dela Religion partout ou j’ay esté, tellement que telle sepmaine sept presches se ' sont laicts à Dieppe par le s’ d`./lmours. Est-ce de la donner argument _ U ou indice de changement? Si je n’ay parlé sy souvent ou caressé ceubr de la Religion, comme ils desiroient, la gravité de tant d'all’aires m’en pouvoit dispenser ; si je n’ay pourveu à —toutes leurs necessitez, le pouvois-je faire de moy—mesme en un tel changement, et ayant une telle armée sur les bras? Cependant limpatience de telles gens, qui ne voient ny considerent mes actions, qui vouldroient que je bandasse l’arc de mes affaires à la corde de leurs `passions, ou bien que je leur rendisse compte de mes conseils, et qui vouldroient en- cores me donner loy en ce qui dcspend de ladministration que Dieu 1n’à commise, tasche de separer de moy ceulx avec lesquels _i’ay sy long-temps converse, ceulx que je pense m’estre doublement acquis, ceulx que j’aime.d'un amour paternel, et desquels la conservation ne sçauroit estre sy chere à personne qu’a moy. C'est assez pour vous qui sçavés mes alïaires. Je vous donne toute creance pour escrire et dire ` surce subject ce que cognoistrés estre de la verite, selon les cir- constances du temps et des personnes que vous jugerés convenables et capables de ces raisons. A Dieu, mons' du Plessis, auquel je prie vous avoir en sa saincte garde. Au camp d’Estampes, _ce v1_]° novem- bre 1589. I _ HENRY. LETTRES DE HENRI lY.* llI. - 7 '10