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LETTRES MISSIVES


plus coupable que nous, comme tant de banqueroutes qu’il a faictes, et reniemens de grandes debtes qu’il avoit en Italie en sont assez de tesmoignages ; la caution des biens ceste Couronne estant trop meilleure que ne sera jamais la sienne. Sur quoy nous ne vous en . dirons pas davantage, mais nous pouvons bien vous dire que vous avés juste occasion de vous tenir oflensez de ce qu’iI vous ayt envoyé `ceste ambassade, par laquelle il faict assez cognoistre que ce n’est que pour vous attirer en societé de la Faulte qu’il a faicte de manquer à sa foy, et de vous rendre suspects de- ce que vous aves tousj ours eu le plus en horreur, qui est d’estre legers et inconstans sur l’observation de vos traictez. Et sembleroit que vous ne debvriés pas seulement n'escouter ceste legation, mais faire commandement à celuy qui en est le porteur de sortir de vostre Estat,. avec bonne resolution de n’en admettre plus de semblable, ce que toutesfois nous remettons à con- siderer et juger a vos prudences ; nous contentans de vous asseurer icy que, pour le regard de nos debtes, elles ne courent aucune for- tune pour en estre le payement retardé, comme il lia esté,. à nostre grand desplaisir, jusques icy ; que le fonds sur lequel elles sont assi- gnées est bon et solide, non conquis ny usurpé, mais llancien patri— moine de ceste Couronne, qui ne peut manquer ny faillir ; que pour le regard de la conl’ederation et alliance qui est entre nous, que nostre resolution est de la conserver religieusement, comme une chose la plus chere et precieuse que nous ayons ; que nous desirons et prions alïectueusement que de vostre part vous en Faeiés le semblable, comme plus particulierement vous entendrés de nostre dict ambassa— ' deur, suivant la charge particuliere qu’il en a de nous, comme nous u l’avons aussy donnée au dict colonel Hartman,. lequel vous pourrés croire de ce qu’il vous dira de nostre part : à quoy nous remettans,. nous nevous ferons ceste—cy plus longue, que pour prier Dieu, Trés chers et grands amys, alliez et confederez, vous avoir et conserver en sa saincte et digne garde. Escript en nostre camp d’lSspernay, le Xlljc aoust 1592. U, . HENRY. A FOBCET. ’ i