_ 72l1 . LETTRES MISSIVES celuy que je luy ay donné par ma lettre? La dicte dame_ dict qu’elle eust desire que _j’eusse envoyé vers luy quelques personnes confi- dentes pour luy faire voir les dictescharges, nfesclaircir de la verité d’icelles et 1ne conduire aprés envers luy selon lesresponses et le devoir auquel il se fust mis de me satisfaire, ainsy qu’elle dict avoir praticqué envers le duc de Norfort. Si la dicte dame sçavoit combien ‘ de fois j’ay sondé le cœur du dict de 'Bouillon, et luy ay conlidem- ment ouvert le mien en cas, sinon du tout semblable à celuy duquel - il s’agit, du moins si approchant d’iceluy que les effects en estoient autant à craindre que de faultre, je suis certain qu’elle 11e m’auroit conseillé de prendre ce cheminen ceste derniere occasion. Et quand elle dit en sa faveur scavoir tres bien iceluy avoir refusé de grandes offres qui luy ont esté faictes de la part de plusieurs princes pour le distraire d'avec moy, il me] semble qu’elle l'accuse plustost qtfelle ne l'excuse, puisque c’est cbose qu’il ne—m’a oncques declaré ny confié, comme son debvoir fobligeoit de faire, estant mon subject, mon ofli- cier et ma creature tres obligée. Il est certain que le roy d’Espagne employe plus volontiers son argent a corrompre et debaucber mes serviteurs de `la qualité et du merite-des. dicts ducs de Bouillon et de - Biron qu’envers’les autres, parce qulil espere qu’il en sera i mieux servy, et au pis aller que la perte que _j’y ferois sera plus grande et — dommageable. Et certes, il ne pourroit me faire un plus grand des- . plaisir que celuy—la', ny m’offenser plus vifvement et sensiblement .qu’il faict en cela ; mais je le dois estre davantage de la deloyauté de ceux qui sont si lasches et meschans que de se laisser ainsy corrompre. Le dict roy le faict pour se venger de fassistance qu’il a opinion que je donne à ceux de Hollande, qu'il nomme ses rebelles ; et les aultres, quels autres'subjects_ont—ils d’y entendre que le desir immoderé de contenter leurambition et convoitise insatiable? Le dict de Biron a esté puny par ustice, comme il meritoit, toutes les formes requises _ et accoustumées d’estre observées en pareil cas y ont esté gardées, 'et vous diray qpe son 'crime a esté encore mieux prouvé et verifie y aprés sa mort que auparavant. Telle forme de justice et de punition
Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome5.djvu/749
Apparence