728 `ljETTBES MISSIVES — .Estat que Pinimitié de' tous mes voisins ensemble scboseque vous ferés bien sentir a la Royne et aux siens, s’ils vous donnent subject de le faire ; touteslois avec toute circonspection et prudence, et neant-, moins de facon aussy qpe la dicte dame et eulx-entendent que les oflenses que nous recevions sans occasion legitime de ceux que nous i aimons et desquels nous estimons devoir estreiaimez, sont plus sen- sibles et intolerables que ne sont celles de nos ennemys ; Et verita— blement la passion les transportera grandement s’ils s'oublient tant que d’entreprendre de favoriser la cause du dict duc de Bouillon, qui ; .est accusé d’avoir eu part aux traictez faicts avec les Espagnols pour detruire la France. i __ Quant à la proposition du mariage de ma lille avec le prince d’Es- cosse, nous avons tout loisir d’y penser ; comme- au remede duquel vous me conseillés d’us_er contre l’inquietude dlaucuns de mes subjects, car je le trouve perilleux, à cause_ de l'inlidelité de mes subjects et de mes voisins, desquels il faudroit me servir en ceste occasion. Adver- tissés—moy lidellement de tout ce qui se dira par delà du faict du dict jduôde Bouillon,—et prenés garde, quand vous en parlerés à la Royne i et aux siens, qu’ils’ ne s’imaginent ou persuadent que je pretends leur rendre compte de ma procedure ny la leur faire approuver ; car je sçais qu’ils `s’en glorilieroient et advantageroient trop indiscrete- i ment. C’est pourquoy i_l sera peut—estre à propos que vous vous abs- teniés d’eu parler à la dicte dame, si elle ne vous y convie à bon es- cient, et encores que vous luy en.respondiés sobrement. Je m’en ‘ remets à vostre jugement, asseuré que vous prefererés-tousjours mon contentement et llexecution entiere et iidelle de mes commandemens ' ' à toutes autres considerations, comme j’entends que vous faciès : priant Dieu, Mons' de Beaumont, qu’il vous ayt en sa saincte garde. Escript à __ - `, le XXlllJe jour de decembre 1602.
