Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome6.djvu/118

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106 LETTRES `MISSIVES dict avoir peu d'apprel1ension, pour l’estimer diflicile à resouldre et encore plus à executer, pour plusieurs raisons que je luy ay dictes et que vous sçaurés bien comprendre ; et neantmoins, je luy ay dict qu’il escrive au dict s" de Bernaveld et confere librement et conti- demment avec vous, et qu’il vous nomme les auteurs du dict advis, aflin de pouvoir mieux juger ensemble s’il merite que l’on s’y arreste ou non. Je recognois bien que les estats de Flandres, craignant d’estre abandonnez. du dict roy d’Angleterre, ne seroient pas marrys d’ad#S'i vancer une rupture entre moy et le dict roy d’Espagne, car cela ser- viroit à divertir les forces qu’ils `prevoient devoir leur tomber sur les bras, et à consoler leur peuple en le deschargeant d’une partie de la ` despense qu’il supporte. C’est pourquoy j’ay soupçon ce propos avoir esté advance par le dict Bernaveld autant par art que par science, ailin de commencer me donner martel de l’union des dicts roys ; et neantmoins il me semble qu’il ne fault s’esmouvoir legerement au bruit du dict advis. Aussy ne devons—nous le rejecter et mespriser entie- rement ; car il faut tout attendre de Yinimitié que me portent les Espa- `gnols, et tout craindre de Tinexperience du roy dlfhigleterre. Cest pourquoy, je vous prie d’observer les practiques de tous, sans toutes- fois faire paroistre au dict Bernaveld que jlay opinion que ses advis soyent accompagnez d’artifice. A J’ay veu une fois Yambassadeur d'Angleterre depuis vostre parte- ment ; il m’a de nouveau asseuré de l'amitié de son maistre, et parlé de quelques aflaires touchant quelques particuliers, qui ne meritent estre escripts. Pareillement le courrier major d’Espagne est arrivé icy pour aller en Flandres ; il doit passer en Angleterre de la part du dict roy d’Espagne. Qui sera tout ce que je vous escriray presen- tement avec l’occasion du partement du s' de St-Luc,, qui va vous trouver pour vous accompagner en ce voyage, lequel vousasseurera de la continuation de ma bonne santé. Je prie Dieu qu’il vous ayt, mon Cousin, en sa saincte garde. De S*ÃGermain en Laye, le x1j° juin 1603. - HENRY. 1>1a'maurvu.te.