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LETTRES MISSIVES


, le grand soing qu’ils ont de ne rien changer ny alterer de leur premiere institution les fera durer longtemps. Quant à ce qu’on reprend à leur doctrine, je ne l'ay peu croire, parce que jé'in’ay trouvé un seul d’un si grand nombre deiceux qui ont changé leur religion, qui ayt soustenu leur avoir ouy dire ou en- seigner qu’il estoit permis de tuer les tyrans ny d’attenter sur les roys. Barriere nefut pas confesse par un jesuiste en son entreprise, et un jesuiste luy dit qulil seroit damné s’i_l osoit Tentreprendre. Quand Chastel les auroit accusez, comme il nla faict, et qu’un jesuiste mesmes A eust faict ce coup (duquel je ne me veux plus souvenir, et confesse que V Dieu voulut alors m’humilier etisauver, dont je luy en rends graces), faudroit-il que tous les J esuistes en pastissent, et que tous les apostres fussent chassez pourun Judas P_S’ils sont obligez plus estroictement que les autres au commandement du Pape, c'est pour ce qui regarde la conversion des infidelles, et e n’estime pas que les vœux d'obeissance qu’ils font les obligent plus que le serment de iidelité qu’ils me feront. Mais vous ne dictes pas que l'on a trouvé mauvais a Rome que le car- dinal Bellarmin n’a donné en ses escripts autant de jurisdiction et , d’auctorité au Pape sur les choses temporelles que les autres luy en donnent ordinairement. ll ne leur faut plus reprocher la Ligue ; c’estoit l’injure du temps ; Q ils croyoient de bien faire, et ont esté trompez comme plusieurs autres ; je veux croire que ç’a esté avec moins de malice que les autres, et m’asseure que la mesme conscience, joincte à la grace que je leur fais, les rendra autant, voire plus aifectionnez à mon service qu’à la Ligue. L’on dit que le roy d’Espagne s’en sert ; je dis aussy que je ` veux m’en servir, et que la France ne doibt estre de pire condition que l’Espagne, puisque tout le monde les juge utiles. Je les tiens neces- saires à mon Estat, et s’ils y ont esté par tolerance, je veux qu’ils y soyent par arrest. Dieu m’a reservé la gloire de les y restablir par edict. lls sont nez en mon Royaume et sous mon obeissance ; je ne veux entrer en ombrage de mes naturels subjects, et si l’on craint qu’ils communiquent mes secrets à mes ennemys, je ne leur communi-