_ doubte point que le dict ambassadeur ne mande toutes ces choses à la
dicte dame`; mais, si c’est par le secretaire Ouinondy, il les commentera
et amplifiera largement, car il abonde en malice, comme fait en sim-
plicité ou stupidité le dict ambassadeur. 'll me parla aussy de Yargent
que je doibs à ma dicte sœur et de la guerre contre le roy d’Espagne. '
Il veut, à toute force, que je luy die des à present quelle sera la
somme je feray payer à la dicte dame en la presente année, et il
vouloit que le secretaire Winondy fust porteur de la dicte asseurance.
- Mais c’est chose que je ne puis encore allirmer, à cause de l’incerti--
tude du payement de mes deniers, qui dure encore, tant est pauvre
le peuple ; mais quand je le pourray dire asseurement, je voudray
. que la dicte dame le seust par vous et non par le dict Winoiidy, au-
quel je ne puis vouloir bien, quand je me represente qu’il a escript
par delà quand j’ay mande le dict duc de Bouillon, que je voulois
faire un second massacre. Est-il par trop mechant d’avoir seulement
_ osé penser cela de moy, ayant tousjours vescu et continuant à vivre
comme je fais?
Quant à la dicte guerre d’Espagne, le dict ambassadeur m’en a parlé
de façon que quand j’y serois fort eschaulié, je m’en reiroidirois, com-
bien qu’il m'ayt dict, comme je pense, pour me piquer au jeu, que
si je voulois m’y resoudre à bon escient, que la dicte dame consen-
tiroit que les Estats se jettassent en ma protection ziparole que je crois .
luy estre eschappée de la bouche et avoir prononcée sans l’avoir con-
siderée ; aussy ne m’y suis-je arresté aucunement, et me suis contenté
de luy faire cognoistre, par ma response, que la partie seroit bien
tost resolue si _i’estois asseuré de lobeissance et lidelité de mes sub-
jects ; que aucun d’eux ne me donnoit occasion de l’estre. Car ce der-
nier attentat commis par le duc de Savoye sur la ville de Geneve,
comprise en nos traitez de paix, dont le s' de Villeroy vous a donné
advis, et serés plus a plain informé par le discours que _i’ay commandé
i vous estre envoyé, m’a grandement alteré, et vous dis, si l’on ne m’en
faict raison, que je la prendray si a propos qu’il en cuira a ceux qui
me l’auront desniée. Le dict duc de Savoye, qui avoit passé les monts,
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