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Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome6.djvu/23

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u DE HENRI IV. 11 pour recueillir en personne la gloire de ceste execution, s’en est ja retourné chargé de honte et de blasme, tellement que ceux de la dicte ville seront quittes pour ce coup de la bourrasque qu’ils ont es- suyée ; mais tant que le dict duc vivra, il ne cessera de les tourmen- ter, molester et conspirer contre eux. Cecy sera cause que je m’ache- mineray du costé de Lyon à l’entrée du caresme. Ce pendant je dis qu’il faut que nous aidions aux Estats de se mettre en campagne au plus tard dedans le mois de mars, aflin qu’ils déli- vrent Ostende de sa langueur, devant que les archiducs soyent ren- forcez des gens de guerre que l’on leur doibt envoyer d’Espagne et d’Italie. C’est chose qu'il leur sera facile, s’ils gagnentnle dict temps, car les autres n’auront leurs forces si tost, si ce n’estoit celles qui sont en Savoye, qui ne font à present que deux mille hommes. Ce ne ' sera que pour remplir la bresche que les mutins ont faicte à leur arri- vée, lesquels sont encore plus esloignez d’accord avec le dict arcbiduc qu’ils n’estoient le premier jour de leur amutinement. ll passa icy un courrier, il y a quatre ou cinq jours, qui publia que la royne d’Espagne estoit accouchée d’un fils, mais il n’a esté suivy de personne ; de sorte que je commence d’en doubter. Mais il est bien L vray que la Hotte qu’ils attendoient leur est arrivée entiere assez riche, mais, pour le regard de la part du dict roy d'Espagne, ja bien enga- gée, de facon qu’il n’en sera beaucoup accommode ; elle a servy à fa- ciliter et faire conclure le party des onze millions d’or, duquel il vous a esté donné advis. Les conditions en sont sy advantageuses pour le partisan : aussy dit-on qu’il a bon parrain, qu’il incommodera avec le temps plus qu’il n’accommodera les affaires du dict roy d’Espagne. J'ay faict parler au dict ambassadeur de la Royne, des pirateries ; mais il veut que nous croyions que leur justice, en Angleterre, est si bonne et la mienne si mauvaise, que les Anglois ont plus grande occasion de se plaindre que n’ont mes subjects ; et n’y a moyen de luy oster de j l’esprit ceste impression, laquelle il a apportée du pays, de quoy je _ me trouve tres empesché : tellement que si vous ne trouvés par delà _ quelque expedient à ces desordres, ils acheveront de ruiner le com- vi 2.