2(x8 . LETTRES MISSIVES . Qu’il face prendre garde de prés à la suitte du connestable de Cas- tille, quand passera et arrivera en son royaume, et à celle de ses col- legues, il y recognoistra despersonnes propres pour servir à ces des- seings. J` en ay esté adverty de bonne part, et quand mon dict frere n’auroit autre subject de se deflier de leurs intentions que celle cy du retardement du connestableen son voyage, est-il pas suffisant pour luy faire croire qu’ils ne procedent sincerement? Ils veulent se preva- loir de l’issue du siege d’Ostende, qu’ils croyent leur debvoir estre fa- vorable. J e sçay aussy qu'ils font scrupule et conscience de traicter avec un prince qui a fraischement banny de son royaume, par edict public, les Jhesuistes et les prebstres ; il fault aussy considerer qulils estiment tirer plus de prollit, à l’endroit des peuples des dictes provinces unies, . _de fapprehension et crainte qu’ils ont que la dicte paix se face à leurs despens que de la conclusion et de l’eH’ect d’icelle. Pareillement ils veulent donner loisir à l’Empereur de faire jouer les ressorts de son auctorité et de celle de l’Empire en faveur de la paix hollandoise, aflin qu’ils facent leur effect avec ceulx qu’ils esperent de leur accord avec le dict roy d'Angleterre ; car n’estimés pas que le dict connes- table soit si jaloux de sa reputation de grand cappitaine et chef de guerre qu’il acquist au comté de Bourgognel, quand il y fut, qu’il soit demouré expres pour se trouver aux beaux exploicts de guerre, dont l’entreprise du comte Maurice pour secourir Ostende leur faict ouverture : c’est la chose à laquelle il pense le moins, comme celuy qui a tousjours esté plus soigneux de conserver sa gravité et sa per- sonne que d’autre cbose. Ce pendant qu’ils entretiennent le dict Roy en l'attente et incerti- tude de leur traicté, ils estiment qu’il sera plus retenu à favoriser les dicts Estats qu’il ne seroit peut-estre aprés la conclusion. Peut—estre aussy qu’ils recognoissent que leur lenteur sert à eschanlfer le desir que le_ dict Roy a de la dicte paix, à la luy faire estimer davantage. Mais ce sont choses que mon dict frere doibt et peult mieux juger ' Allusion ironique à la journée de Fontaine-Francaise.
