Aller au contenu

Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome6.djvu/268

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
256
LETTRES MISSIVES


faictes sur ce le dict roy, estant conformes aux precedentes et dignes ` de` la bonne foy et amitié dont il faict profession envers moy, comme de sa prudence. ll me semble pareillement que ses commissaires s’estoient conduits jusques alors tres prudemment et courageusement avec les autres, et que ceux—cy descouvrent par leur procedé avoir plus besoing que de desir de s’accorder avec le dict roy, combien qu’ils ayent assez mal enfourné leurs negociations, transportez de leur vanité et precipitation ordinaire. Mais ce que j’y considere, et à quoy je me suis plus particulierement arresté, a esté aux discours et juge- ment que vous faictes, par votre dicte derniere lettre, du succez de ' ceste negociation, fondé sur la facilité du roy, la malignité Ade la royne sa femme et les esperances que les Espagnols ont de profliter plus de la suitte et consequence de la dicte paix avec le temps, que des conventions presentes d’icelle. Car je ne doubte point qu’ils ne facent des offres à la dicte roy—ne, et qu’ils ne mettent peine de luy imprimer en fame ceste desmesurée ambition de laquelle vostre , lettre faict mention. Ce sont choses qu’ils estiment pouvoir justement faire, partout masquez du pretexte de là religion, comme je des- couvre tous les jours que lesministres d’Espagne pratiquent en mon Royaume plus imprudemment et elfrontement que jamais. Je feis constituer prisonnier, ces jours passez, en la Bastille un Angloix nommé Thomas Morgan,« accusé de les servir en leurs menées contre mon service. De quoy j’ay de telles preuves, que non seule- ment je n’en doibs douter, mais aussy le faire ehastier comme un meschant homme. Il fut arresté du temps du feu Roy à la priere de la feu Royne, mais il fut depuis eslargi, à la poursuitte et instance de ceux des Guise, au fort des affaires de la Ligue. J’ay quelque cause de soubçonner qu’il servoit les dicts Espagnols, du sceu de Yambassadeur d’Angleterre, avec lequel il frequentoit souvent, sous couleur d’obte— ' nir du dict roy son restablissement en ses biens et en son pays par _ son moyen. Ciestoit avec le comte d’Auvergne et le s" d’Entragues que le dict Morgan manioit ceste pratique pour les dicts Espagnols, que je suis aprés à approfondir et averer entierement. Ja l’un et fautre