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LETTRES MISSIVES


quemon nom y soit aucunement meslé ; et s'il trouvé le dict duc de Savoye disposé delagreer, il faut qu'il sçache quelle dot il veut donner, sur quoy l'asseurer, et si son intention est de se reconcilier et rapatrier avec moy, et se rendre digne de mon amitié. Car s'il ne veut faire ce dernier point, je ne veux qu'il marie la dicte Matilda en mon Royaume et nommeement au jils du i duc du Mayne. Car je serois mal conseillé de luy donner plus d'accés et d'a- mys qu’il en a, les employant à me faire mal, comme il faict. C'est ce que vous pouves faire sçavoir au dict comte sur ce subject, afin qu'il prenne ' sur cela tel party qu'il jugera estre meilleur. Mais gardés vous bien de en bailler et laisser rien faire par escrzpt, ou il puisse monstrer au dict duc de Savoye ny à aultres, que faye eu aucune cognoissance du dict mariage, et moins que je l'aye approuvé, aflin que le dict duc de Savoye n’en triomphe et s'en advantage ; joint que je n’ay pas opinion que ce moyen profte et succede, comme le dict comte le desire etlespere, si d’adventure il ne rencontroit l'esprit du dict duc de Savoye aussy las d’Espagnols et de son . . A.lbigny'qu’il s'est montré jusquà present aliené de mon amitié. Au reste j'approuve la deduction que vous avésfaite au dict comte sur la succes- sion des Pays—Bas et particulierement du duché de Brabant, les lois et cous- tumes duquel excluent les enfans du second lit ; ceux du premier, ou leurs representans suivant : tellement que s’il mesadvenoit de l'infante archidu— chesse, sans enfans, l’on tient que le dict duché appartiendroit et ceux de sa sœur, avec lesquels il est certain que les habitans s'accomoderoient trop plus volontiers que avec le roy d'Espagne, pour la haine irreconci- liable qu'ils portent aux Espagnols. Enfin je serois tres aise que le dict comte voye le dict duc de Savoye. Peut—estre aussy que le desplaisir qu’il ` a receu à Geneve l'aura humilié et maté ; et en tous cas les bons et lidelles conseils du dict comte sur la rencontre de ce bel exploict, s'ils ne profitent, ne prejudicient à personne. _ Je suis bien aise de quoylnostre Beauceron a rencontré la Farge. J’entends qu'ils le detiennent par de là, à demy par force, tant ils craignent qu'il tombe en mes mains, pour la cognoissance qu'il a eue de leurs menées. i Quand je sçauray le moyen de l'enlever que l’on vous doibt proposer, je vous esclairciray de ma volonté. Le dict Beauceron avoit sceu l'entreprise de