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LETTRES MISSIVES
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Dictes—luy que _j’ay advisé, suivant son conseil, de continuer, voires accroistre, l’assistance que j’ay donnée, l'année passée, aux Estats, pour deux considerations particulieres, oultre celles qui nous regardent et concernent en commun : la premiere est fondée sur les justes causes que jlay d’estre' offense des conspirations que continuent à brasser i contre moy et mon Royaume les Espagnols, lesquelles ne me doib- vent faire bien esperer de leur amitié, encores qu’ils n’obmettent, par belles paroles, de me faire asseurer du contraire (et croy qu'en cela ils nous traictent egalement mon dict frere et moy, comme il recognoistra quelque jour plus clairement qu’il ne faict maintenant); et l’autre est que j’ay advis que les Espagnols doublent, cette année, leurs armes et efforts contre mess"" des Estats, tellement que, s’ils estoient abandonnez de toutes parts, ils seroient en danger de suc- comber. Si c’est le bien et advantage du roy mon dict frere, et le mien, que cela arrive ainsy, je m’en remets à son jugement, croyant, pour mon regard, si les Espagnols avoient reduict mess“ des Estats aux abois auxquels ils tendent, sans nostre entremise, ils feroient, aprés, peu de compte de nostre amitié. En tout cas vous asseurerés le roy mon dict frere que je n’ay autre desseing, en secourant les Estats, que de les maintenir et conserver en l’estre auquel ils se trouvent maintenant, affin d'empescber leur cheutte, ou qu’ils s’ac— cordent sans nous, comme ils pourroient faire si la necessite donnoit , la loy à leurs -volontez. Et si en cela le dict roy estime que je doibvc faire plus ou moins, je le prie s'en declarer a vous avec sa_ franchise et liberté accoustumée, fasseurant que j’y correspondray cordiale- ment, car j’ay tousjours les mesmes intentions de vivre avec luy en vray frere et loyal- amy. ., J’ay, bien considere la response que ceux du conseil du roy mon dict frere ont faicte à la lettre de llarchiduc et à la plaincte et re- monstrance que leur avoit faicte fambassadeur d’Espagne (que vous - m’avés representees par vostre lettre du Xlle du mois passé, que j’ay~ receue le XXIe d’iceluy) avec les accidens survenus depuis sur la mer, qui les ont brouillez ; mais je crois que le vent emportera toutes les