Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome6.djvu/371

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DE HENRI IV. ' A 359 qu’elle soit. A quoy il a esté respondu que c’est parce qu’il estime _juste ce qui ne l’est pas, du moins ne le veriflie-il par les formes or— -dinaires de justice, comme il appartient, et que, pour un escu de plaincte qu’il faict, vous aves subject d’en faire pour cent. ' Je vous envoye aussy le double de deux lettres que j'escrivis au dict roy d’Angleterre par le dict duc de Lenox, sur lesquelles vous assen- rerés le dict roy que le dict duc s’est tres bien acquitté de sacbarge, que sa venue- m'a este tres agreable, et luy recommanderés en mon nom son ministre. Vous accompagnerés encore ce compliment d’un rafraischissement et redoublementdes asseurances de mon amitié et du contentement que jay eu de celle que le dict duc m'a donnee de la sienne, luy disant sur ce subject ce que vous jugerés estre `conve- nable pour luy faire croire que je me moque de tous les artifices dont l’on use de toutes parts pour donner atteinte à nostre amitié. Car, comme d’un costé je sçay que je ne manqueray jamais à celle que ` je luy ay promise,— parce que j’y suis porté par inclination naturelle et par raison d’Estat, je mei promets tout aussy de sa prudence et de I la sincerité de sa foy, ayant esprouve l'une et l’autre, qu’il resis- tera tousjours aussy constamment aux tentations et inventions de ceulx qui entreprendront d’y frapper coup, comme le dict duc de Lenox m’a dict qu’il a faict jusques à present. Tout bien considere . aussy, ceux qui font tels offices envers nous les font plus par passion et animosité que par raison et affection qu’ils nous portent. Ils font, leurs affaires nostre commun dommage, comme illeur seroit facile de faire _s’ils nous avoient mis en querelle ; mais nous cognoissons ` i trop leurs ruses et fins pour nous y laisser surprendre et abuser. . Comme le roy mon dict frere m’a fait prier par le dict duc de Lenox de n’avoir esgard aux bruits et rapports du vulgaire ny aux apparences U exterieures, ains juger ses intentions par ses actions, faictes—luy la ` mesme preuve pour ce qui me regarde ; car je scay qulil y en a qui luy font des rapports de moy qu’ils inventent et controuvent expres pour tenter et alterer sa volonté, à nous mettre en jalousie et def- I fiance l’un de l’aultre.