Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome6.djvu/488

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d’entiere et cordialle affection en toutes autres occasions. J’escris par luy au dict roy la lettre de laquelle je vous envoye un double, et luy ay commande luy tenir les langages que vous conseilleres pour l'asseurer de la sincerite de mon amitie, luy donner jalousie de celle d’Espagne, et le conforter à n’abandonner et laisser perir ny aifoiblir les Estats. Par tant, instruisés-le bien de ce qu’il en debvra dire, La familiarité que l’exercice de la chasse lu donnera lu facilitera la commodité et les moyens, et peut—estre la creance de s'en acquitter utilement. J'ay considere ce qui s’est passé entre le dict Roy et ceulx de son conseil, et les ambassadeurs d’Espagne ’et de Flandres. sur l’occasion de la deffaicte de l’armée de mer du roy d’Espagne, _ la retraite et le sejour en Angleterre des reliques d’icelle, que vous m’aves representee par vos lettres du xv111° et XXVl1lc du mois passé. Veritablement, le dict ambassadeur d’Espagne ne pouvoit s’y conduire plus im pertinemment qu’il a faict. Il s’est monstre à la fin aussy lasclie que audacieux au commencement, et d’autant plus que la honte qu’il y a receue est grande‘, aussy la dissimulation avec laquelle il l'a beue doibt estre par delà plus suspecte. l'admiral d’Angleterre a bien mieux flatte et contente le roi d’Espagne et le duc de Lerme ; auss a-il tire et rapporte de grands et riches presens, et de bonnes et grosses pensions ; et ay recogneu que les esperances et asseurances quiil leur a données de l'amitie intrinseque de son roy, et peut-estre de la royne el ; du service des Havarts, a fort enfle le courage du dict duc de Lerme 2, comme si


1 On voit dans les lettres de M. de Beaumont, rappelées ici, que l'ambassadeur d’Espagne, après avoir inutilement demande au roi d’Angleterre de faire conduire à Dunkerque les soldats espagnols refugiés sur les côtes anglaises à la suite de la défaite de leur flotte, lui en écrivit deux lettres qui causèrent à Jacques Ier un mécontentement dont cet ambassadeur fut oblige de s’excuser.

3 Francois de Roxas de Sandoval, duc de Larme, marquis de Denia, comte d’Ampudie, grand d’Espagne, grand senéchal de Castille, premier ministre de Philippe III, est connu par la faveur toute puissante dont il jouit durant les vingt premières annees de ce règne. Devenu veuf, il desira, et obtint en 1618, le chapeau de cardinal, par lequel il esparait rendre son pouvoir inébranlable ; mais ce fut au contraire comme le signal de sa chute, car il fut disgracié la même année. Il mourut à Valladolid en 1625.