Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome6.djvu/489

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. DE HENRI IV. l173` son maistre, aprés cela, ne debvoit plus rechercher ny se soucier de l’amitié d’aucun autre de ses voisins ; car il a depuis parlé à mon am- bassadeur, en termes plus relevez et altiers qu’i1n’avoit encores faict, de l’assistance qu’ils s’imaginent que les Estats continuent a tirer de moy et de mon Royaulme ; à la suite duquel propos il a magnilié jusques au ciel la candeur, la prudhommie et bonne foy des Anglois ; et, entre autres, un certain comte de Drumont, Escossois de la maison de Possen, a esté plus caressé et mieux traicté, aprés le dict admiral, que nul autre, comme personne qui ayde à leur promettre beaucoup, et dont ils ont cru debvoir aussy esperer dlestre bien servis. Mandés- moy quel il est, et s’il a tant de credit et de pouvoir auprés de son roy et en son pays qu'ils se sont persuadez. Pour mon regard, j’ay bien opinion que leurs liberalitez et faveurs ne produiront les lruicts qu’ils s’en sont promis, principalement tant que le dict roy d’Angleterre re- gnera, s’il donne bon ordre à. ses affaires domesticques, et ne permet que les dicts Espagnols corrompent plus avant ses serviteurs, et ac- _ quierent plus de pouvoir et creance en sa cour et en ses pays. Or, je n’es time pasque vous debviés faire paroistre au dict Roy que jlaye remar- qué le changement susdict, en mon endroict, du dict duc de Lerme, et peut-estre ne seroit—il' pas marry d’entendre que cela Inst advenu, et mesmes que je m’en fusse aperceu, comme si son amitié en debvoit estre prisée davantage. Joinct qu’il ne fault pas s’attendre qu'il reprenne le dict amiral de tout ce qu’il a Iaict et dict en son voyage, ny mesme qu’il se scandalise et oI’l`ense des presens et pensions que luy et les siens ont acceptez ; car ses serviteurs l’ont accoustumé à pareilles cor- ruptions, lesquelles ils luy font accroireredonder à son honneur et ad- vantage. Et neantmoins _j’estime que vous debvés l'advertir de prendre garde que ces profuses liberalitez n’engendrent a la fin des ellects pre- judiciables à ses allaires ; car, comme il est certain que les dicts Es- pagnols ne sont contens de luy ny de ceulx de son conseil, parce qu’ils ne peuvent luy faire [`rancbir le sault contre les dicts Estats, ny tirer de son alliance les advantages desquels ils ont bien besoing, ils estime- ront leurs dons et gratilictions mal employées, s’ils n’en retirent LETTRES DE HENRI IV. VI. i 60