Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome6.djvu/500

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
484
LETTRES MISSIVES


. moy. C’est pourquoy il est necessaire de proceder en ce faict tres discrettement. Je crains mesmes que les Espagnols Anglois, dont le nombre n’est pas petit, descouvrent au dict roy d’Angleterre le voyage de Smits. Jà le nonce qui reside en France, qui est tout Espagnol, a dict à Berny que il sçavoit, non seulement que les catholicques d’An- gleterre avoient plus d’esperance et fianoe en moy qu’aux Espagnols, mais aussy que le dict Roy a ceste opinion de moy, et que luy et les siens en ont grande jalousie. J’ay appris par vostre lettre du IXB de ce mois, que j’ay receue le XVl1°, les bons propos qu’il vous a tenus ; et neantmoins ce à qïlûy il s'est de- puis relasche, pour asseurer le passage et traject en Flandres des Espa- I gnolsretirez en son pays, me confirme en Yopinion que _j’ay tousjours eue de l'estat que l’on doibt faire de luy et de son amitié ; et combien que telle variation doibve estre plustost attribuée à son naturel, que vous m'aves tres bien depeinct, qu’à mauvaise volonte, neantmoins les ellects en sont tousjours blasmables et prejudiciables à la cause pu- blique, et faut faire estat que, quoy qui advienne et se presente, les Espagnols obtiendront tousjours du dict roy et de son conseil, par importunite et à Force d’argent, une grande partie de ce qu’ils deman- deront, et toutesfois ils diront tousjours qu'ils veulent entretenir et conserver leur neutralité, mais ce sera au dommage de qui il appar- tiendra ; estant tres mal edillie de Youverture qu’il a iaicte au s' Caron pour le traject des dicts Espagnols, si tost aprés vous avoir faict les declarations que vous m’aves escriptes. Neantmoins il ne fault pas pour cela s’en alterer davantage contre luy, ny luy en faire reproche, car il ne deviendroit pas plus sage, et seroit nous declarer par trop inu- tilement. Mais je serois bien aise que les Estats rejectent la dicte ou- verture, ainsy que vous a dict le dict Caron, puisqu’il croit qu’il ne s’en alterera point. J’ay veu qu’il a tres bien pris ce que vous luy aves de- clare du coste de Rome et du Pape. Mais il ne Fault pas s’attendre que ce bon mesnage dure longtemps, s’il continue à persecuter les catho- licques, comme vous luy aves sagement donne à comprendre. A quoy _j'ay remarque qu’il a peu incline ; mais peut-estre changera-il avec le