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Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome6.djvu/556

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LETTRES MISSIVES
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sur le transport des Espagnols qui sont à Douvres ; car c’est tousjours l'obliger de plus en plus à y persister. Testime qu’à la longue il sg relas- clzera, ou permettra secretement aux siens de faciliter et favoriser leur traject. L’on m’a donné advis que les dicts Espagnols s’attendent de le tenter si tost que les nuicts seront plus longues, et mesmes en un mauvais ‘ temps ; protestans vouloir plutost perir en ce hasard que de repasser en Espagne avec la honte qu’ils ont acquise. . Le s' de Vic m’a donné, ces jours passez, l’alarme de la venue en ces mers d’une armée composée de vingt gallions, partie de Lisbonne le mois passé, comme si elle estoit destinée à faire sa descente aux ports d.e Flandres et servir à renforcer le marquis Spinola ; mais, puisqu’il n’en est depuis venu aucune certitude, et que tous les advis cl’Espagne portent qu’elle doibt servir aux Indes contre les Hollandois et ceux qui les y favorisent., je conclus qu’elle a pris ceste route, ou qu’il n’y a pas si long temps qu’elle a faict voile que fon a rapporté au dict s" de Vic. Vrayest qu’aucuns discourent qtfelle pourroit avoir _ pris le chemin par derriere l’Escosse, pour fondre du costé d’Endem ; mais, si elle eust eu ce dessein, le Spinola ne se seroit esloigné de Lingben, ainsy qu’il a faict, s’estant rapproché du Bhin, où il semble qu’il veuille s’attacher à quelque entreprise nouvelle. Or, nous ne pouvons guere demeurer en ces incertitudes, la saison estant si ' advancée quelle est ; mais je suis tres marry de quoy le roy mon frere ne recognoisse et appre/tende davantage le peril auquel les afaires des Estats s'en trouveront bien tost, s’ils ne sont assistez autrement qu’ils i ont esté _iusqu’à present. J’ay consideré sur la derniere remonstrance que vous luy avés faicte de ma part sur ce, representée par vostre lettre du xxvi1° du mois passé, que j’ay receue le Vlc du present, le peu que vous y aves promté. Veritablement, si je n’estois bien informé de son naturel comme je suis, finfererois de la qu'il auroit dessein de les voir tomber et de conniver à leur ruine, et d’autant plus que les Espagnols s'en vantent et le publient ; mais je conclus avec vous qu’il feint la despense et la peine, qu'il croit le jeu des dicts Estats meilleur qu'il n'est, que c'est — assez que je les secoure, ou qu’il n’est marry que leur prosperité soit quel-