Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome6.djvu/583

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DE HENRI IV. 567 sonne a couvert avec ses biens, mais comme il ne se met en devoir de m’asseurer de sa foy, ainsy qu’il convient aprés tant d’espreuves que j’ay faictes de finconstance et variete d’icelle, je doibs aussy, pour le bien de mon Royaume et pour toutes bonnes considerations, laisser aller la justice son cours, et seulement prendre garde et pourveoir . qu’elle soit administrée equitablement et sans animosité, ainsy que j’espere qu’elle sera. Mon Cousin, je suis tres asseure de Yalfection que vous me portés, aussy ay-je traicté avec vous de ce faict, comme je feray tousjours de tous autres, tres coniidemment. Par tant, je vous _ diray franchement que, si je pouvois trouver seureté en la foy et obeïssance du dict duc, tant pour le present que pour l’advenir, je _ prendrois plus de plaisir a le faire jouir, a votre intercession, des effects de ma clemence (qui ne fut oncques desniée à ceux qui s’en sont rendus dignes), que donner la main à la justice, comme le debvoir d’un bon roy nfoblige de faire. Qui sera tout ce que je vous escriray pour le present sur ce subject pour response à vostre lettre du xxx° du mois d’octobre, que j’ay receue le Ille du present, sinon que je crois que le dict duc de Bouillon s’est souvent vanté en France et en Allemagne de pouvoir tirer de l’une et de l’autre nation de grandes et favorables assistances, avec peu de fondement et raison. Mais il le faict expres pour abuser ceulx auxquels il s’est adressé, pensant par ce moyen conserver sa creance. Mais, comme vous dites, ce sont des imaginations, et vous asseure que je les ay tousjours tenu pour telles. Neantmoins j’ay esté tres aise, vous ayant mande ce qu’il en a publié, d'avoir esté par vous confirmé en ceste opinion et jugement que _j’en ay faict. ' L’on me mande que l’Empereur est resolu de faire la paix avec le Turc sans y comprendre le Botscay et ses adherens, si faire se peut. Mais je n’ay pas opinion que le Turc traicte à part sans lautre ; quoy advenant, leurs practiques et les armes des dicts Turcs sont comme garans des promesses que l'Empereur fera aux autres. Ce sera de tres grande consequence et de tres mauvais exemple. Si l’Empereur l’eust voulu, estant en prosperité et reputation, il eust basti telle paix