Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome6.djvu/653

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DE HENRI IV. 637 subject à l’argent qu’ils le depeignent et avoit pris à toutes mains comme ils l’accusent, qu’il pourroit diflicilement cacher, par sa con- — tinence simulée, ses thresors et richesses depuis qu’il exerce leur generalat ; et neantmoins l’on scait qu’il vit à Home ou il reside, esè claire et observé de tous, avec telle simplicité et regularite, que il sert cl’exemple de temperance et modestie, comme de religion, à tout _ l’ordre. Ils soubstiennent doncques que ce sont impostures inventées expres pour descrier leur ordre et donner couleur au decret que la Republique a voulu faire contre iceluv, plus pour manifester au Pape et à tous autres sa puissance comme sa determination, laquelle elle _ veult justiflier aux despends de leur corps, en chastiant, comme l’on dict communement, le chien devant le lion. De quoy ils attestent qu’ils n’auroient regret, estant nourris et obligez à la patience, s’il n’y i alloit que du particulier de leur ordre et de leurs personnes. Voilà ce qu’ils m'ont remonstré et declare sur ce subject ; que je ne vous escris pour le representer à ces Seigneurs en corps ny en particulier : car je ne pretends deiiendre et soubstenir la cause des dicts Jesuistes ny monstrer de doubter d’une chose que ce Senat tient j veritable, et sur laquelle il a fonde un decret si important qu’est celuy du quel il est question ; mais je suis tres marry dcntendre que les choses entre Sa Saincteté et ce Senat prennent le chemin de de- sespoir et d’irreconciliation auquel il semble que les parties s’enfour— nent de gaieté de cœur et de propos cleliberé. Car quelle baste avoient ces Seigneurs d’adjouster le susdict decret] aux autres escripts et actes, par les quels ils avoient ja oflensé et irrité Sa dicte Sainctetéîl A quoy peut servir aussy d’assubjectir les vaisseaux de Sa Saincteté et de ses subjects à paier la dace qu’ils pretendent lever en leur golfe, ` comme de prendre les decimes des ecclesiastiques dont les Papes ont i ’ Le Pape ayant jeté l'interd.it sur la suites (ainsi que les théatins et les capu- — république de Venise, le sénat défendit la cins) ne tinrent point compte de ces de- reception et la publication des bulles et fenses et observèrent Yinterdit, ce qui les de tout autre ecrit venant de Rome, et il fit bannir des terres de la republique. lit continuer le service divin. Mais les je- i