Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome6.djvu/92

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80 LETTRES MISEIVES fiance qu’il a en ceux qui luy donnent tels advis, ou bien de faulte de cognoissance et jugement. Il a faict dire au baron du Tour que le fils du comte de Harfort s’estoit retiré en mon Royaume, et l’a prié ' s’en eclaircir : chose qui est aussy fausse quîelle a esté malicieusement controuvée. Autant en diray—_ie de l'alarme que j’ay sceu qu’ont prise ou qu’ont faict semblant de prendre ceux du conseil de la royne et les seigneurs du pays qui les assistent, que _j’avois faict une levée de dix-huict ou vingt mille hommes de pied depuis avoir sceu la mort de la dicte royne, pour employer en Angleterre et y favoriser un party contre le dict roy, ayant sceu qu’ils ont escript à leur ambassadeur residant icy qu’il y prist garde, et qu’ils s’estonnoient de quoy ilne les en avoit advertys, etneant. moins il est tres certain et cogne11 de tout le monde que je n’ay faict levée d’un seul homme de guerre depuis ce temps—là. Or si ceste invention procedde de ceux du dict conseil ou d’aucuns de mes subjects qui desi- rent me mettre en mauvais mesnage avec ledict roy, c’est chose qu’il faut mettre peine d’approfondir et verifier, afhn d’y remedier et obvier d'heure à leurs artifices ; car ils n'en demeureront pas là, et en inven- teront to11s les jours quelques nouveaux pour troubler et alterer l’es- prit de ce prince, comme vous sçavés qu’ils ont voulu faire de la faveur ` que _i’avois faicte aux prestres seculiers, comme si _i’avois eu le dessein de m’en servir contre le dict roy et la deffunte ; jaçoit que mon but ayt esté de faire tout le contraire, estant certain que si le dict roy n’ouvre les yeux en telles matieres pour d’iscerner le vray d'avec le faulx, en _ jugeant de mes intentions par les effects et la preuve qu’il en fera tous les jours, comme je feray des siennes, qu’ils travailleront perpetuelle- ment son esprit et troubleront à la En nostre union et intelligence, au grand prejudice de l’un et de l'autre et au seul advantage de nos communs ennemys et mau vais subjects et serviteurs : ce qu’il sera neces- i saire que vous luy remonstriés et faciés bien entendre à son arrivée, aflinqu’il ne se laisse emporter au vent de tels artifices, et qu’il prenne la peine de les verifier devant que de s'en esmouvoir. Doncques vous aurés soin de battre ce fer avec luy souvent et diligemment, affin de