DE HENRI IV. 859 l'ay entreprise, et de l’esperance, voire promesse, qu’Elle vous a faicte de luy vouloir departir ceste faveur ; et il n’y a apparence de dire — que ce n'est fordinaire que les princes estrangers recommandent autres personnes que leurs subjects, estant cl1ose qui s’est pratiquée jusques icy fort indifferemment. Cest pourquoy je veulx que vous persistiés en ce que vous avés commencé et faict cognoistre de mo11 intention pour ce regard, le favorisant de l’auctorité —de mon nom, ` si cas escbet qu’Elle delibere d’en faire deux en ma consideration. Autrement je me contente d’estre gratilié du premier subject que je _ luy ay recommandé. mais si vous apercevés qu’Elle soit pour en - donner deux en faveur des Espagnolz, faictes vostre effort pour ob- tenir ce second, n’obmettant rien pour faire sentir le malcontente- ment qui me demeurera si _i’en suis econduit. Car, oultre que ma , - reputation y est embarquée si avant, je pense faire service au Sainct- Siege de proposer des personnes si capables de ceste dignité ; et Elle se feroit encore plus de tort qu’à moy mesmes, laissant arriere A la vertu, enviée seulement de mes malveillans. ` Vous avés sagement faict de remercier Sa Saincteté de la franchise p avec laquelle Elle a promis vous estre delivré copie des lettres es- criptes à Elle et au cardinal son nepveu par le prince de Condé ; i esquelles, si Elle a respondu, je me promets de sa bontéet prudence singuliere qu’Elle n'aura oublié à luy remonstrer la grandeur de sa ` faulte et les malheurs et inconveniens que la continuation d’icelle peut apporter au public, et à sa personne en particulier, pour le convier de revenir au lieu auquel la nature et les bienfaicts l’obligent. Mais je me doubte bien que tous ces bons oflices seront vains et inutiles en son endroict, tant son cœur est endurcy au mal, et con- forté tous les jours par les ennemys de ma Couronne, de slopiniastrer en sa malice, cuidans par là ine tenir en bride et empescber que je ` puisse, ce pendant, remuer quelque chose à leur desadvantage. Mais c’est mal cognoistre et argumenter de mon naturel, qui n’est duict à supporter telles offenses, surtout estant accompagné des moyens et de la puissance dont jejouis à present. ' :08.
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