Page:Henri Lecoq Itinéraire de Clermont au puy de Dôme 1836 (FR631136102 A 30162 IV).pdf/100

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(88)

abondance, qu’il fut impossible aux malheureux habitans de prendre la moindre précaution. Ceux qui étaient dans les champs ne purent joindre le village, et ceux qui ne l’avaient pas quitté se réfugiaient promptement dans leurs habitations. Bientôt on entendit un bruit lointain dont il était facile de deviner la cause. La belle vallée de Fontanat était inondée et de vieux arbres, arrachés par la violence des eaux, venaient augmenter la puissance du torrent qui descendait sur le village. Le premier choc fut terrible, mais malheureusement des constructions le soutinrent. Un pont solide, placé à l’entrée du village, résista aux vieux troncs qui vinrent le frapper et au courant qui les chariait. En un instant des arbres tout entiers arrivèrent et formèrent en quelques minutes une digue puissante qui fit refluer le ruisseau. Mais enfin, cédant à la masse, le pont s’écroula, et le torrent, surmontant tous les obstacles et frappant avec tous ses débris, balaya cette belle vallée si riante et si pittoresque une heure auparavant. Rien ne put résister ; les constructions les plus solides, les digues les plus massives, les moulins, les maisons, tout fut entraîné. Les malheureux habitans n’eurent pas le temps de fuir, et les cadavres meurtris flottaient aux