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vallons. L’eau ruisselait limpide et pure sur la lave et sur les fleurs ; le bruit des moulins se faisait entendre, et les oiseaux chantaient sur le bord du ruisseau. Les habitans de la vallée, confians dans un si beau jour, s’étaient dispersés et vaquaient aux travaux des champs, tandis que de nombreux promeneurs quittaient la ville et venaient à Royat contempler la nature dans toute sa magnificence.

À une heure, un vent léger vient agiter les branches des châtaigniers séculaires qui couvrent les coteaux de Royat ; quelques traînées de poussière s’élèvent en tourbillonnant, puis un nuage d’un gris foncé se forme avec une étonnante rapidité. Il s’étend, se colore et s’avance poussé par un vent plus violent qui le dirige bientôt au-dessus de la vallée. Un éclair affreux illumine son immense étendue et fait voir sa dimension menaçante, et les montagnes d’eau que l’attraction électrique retient suspendues à sa surface. Le tonnerre éclate, puis un silence effrayant prélude à la tempête.

Pendant que le soleil éclairait encore les autres points de l’Auvergne, Royat, plongé dans les ténèbres, disparaît entièrement. Les dentelures du nuage s’étaient allongées, ses énormes protubérances s’étaient ouvertes, et des torrens d’eau s’en échappaient avec une telle