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qui croissent sur le flanc du volcan, et l’on arrive bientôt au point d’éruption dont la lave est partie, et l’on ne peut plus douter de son origine, quand on marche sur des scories aussi fraîches que si le feu qui les a formées venait de s’éteindre. Royat n’existait pas alors ; la lave incandescente se refroidissait peu à peu ; les eaux, dérangées dans leur cours et réduites en vapeur, cherchèrent à se frayer une issue sous la masse qui les couvrait, et elles finirent enfin par se faire jour à travers toutes ces matières volcaniques ; la végétation s’établit ensuite sur le bord des sources. Le ruisseau de Fontanat, arrêté dans sa course, rongea peu à peu la digue qui retenait ses eaux, creusa ce beau vallon tel qu’il existe aujourd’hui, et mit à découvert ces jolies grottes où l’auteur de la Fée de Royat a trouvé le sujet d’un poème des plus élégans et des plus vrais.

Moins patient que le naturaliste, le poète n’a pas laissé au temps le soin de changer une lave brûlante en un site couvert de verdure ; une fée s’est chargée, du prodige, et l’on ne sait qui a le mieux réussi, ou de la fée dont la baguette a produit le miracle, ou du poète dont la plume l’a retracé avec autant d’élégance.

« C’est toi qui la reçus, abri mystérieux,
Grotte heureuse, aujourd’hui berceau de nos fontaines,