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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

— Quoi qu’tu dis ?

— J’dis que j’cause pas avec toi, t’es trop gamin.

— J’t’entends pas. »

Profond silence ; nous faisons quelques pas, l’être, évidemment troublé de l’insuccès de ses interrogations, réfléchissait profondément. Enfin il reprend :

« Quoi qu’tu disais donc tout à l’heure ?

— Quoi qu’tu dis ?

— J’dis : quoi qu’tu disais donc tout à l’heure ?

— J’t’entends pas. »

Nouveau silence ; l’être se creuse toujours la tête, le cocher conserve une impassible dignité. Tout à coup l’être redresse son regard et ouvre la bouche, mais soudain…

Fût-ce un coup de tonnerre qui effraya les chevaux ? Deux d’entre eux bondirent et reculèrent ; le cocher asséna un violent coup de fouet ; les chevaux bondirent de nouveau et tentèrent de se cabrer. Un craquement : le timon se cassait ; l’être recula sur le trottoir, et voilà que nous descendîmes en arrière toute la rue que nous venions de grimper avec tant de peine.

Je dis nous, parce que je compte mon cocher ; j’étais, comme je l’ai annoncé, resté seul sur l’impériale. En vain mon compagnon frappait-il ses chevaux, et accumulait-il sur leur dos les coups de fouet et les épithètes blessantes, nous roulions avec une vélocité de plus en plus épouvantable.

Soudain un arrêt : je n’ai que le temps de recommander mon âme à Dieu, tout en cramponnant mon corps aux barres de fer par le secours de mes deux mains ; la voiture chancelle, s’assied sur le côté, et je tombe sur le trottoir… Hosannah et miracle… sur mes deux pieds.

Immédiatement, sans attendre trois cents personnes qui