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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

tendre le défilé des chevaux que pour contempler le soleil qui mourait à l’horizon.

Si chaque blasphème mérite un jour d’enfer, je gage pour dix mille ans, portés sur le registre du destin, au nom des braves gens qui passaient là.

Un chrétien aurait dit : Pauvres âmes !

Sur ma foi, je n’eus pas le courage de m’apitoyer sur leur compte, et, regardant les chevaux dont les jarrets vigoureux ployaient sous le poids, tandis que les lanières cinglaient leurs flancs, je me pris à murmurer :

« Pauvres bêtes ! »

Maintenant il est temps de vous dire pourquoi j’étais allé à Charenton.

J’étais allé à Charenton pour voir mon ami Fritz.

Il est impossible que vous ne connaissiez pas mon ami Fritz. Si vous ne l’avez vu hier, vous le verrez certainement demain. Mon ami Fritz, sans avoir le talent de Méry, partage avec ce dernier une singulière faculté, la puissance de se trouver dans plusieurs endroits au même instant à la fois.

Aussi, de même qu’il n’est personne qui n’ait aperçu Méry à une heure quelconque, il n’est personne non plus qui n’ait vu une fois au moins mon ami Fritz.

Seulement, le nom de Méry passant d’une oreille à l’autre, on le connaît, tandis que chacun coudoie Fritz sans penser à lui demander pardon.

Mon ami Fritz est éternellement vêtu, hiver comme été, d’un pantalon blanc, d’une jaquette blanche et d’un gilet blanc. Il prétend que cette couleur est de toutes les saisons, et voici sur quelles raisons il se fonde.