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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

« Le blanc, dit mon ami Fritz, étant, d’après tous les physiciens, la couleur la plus propre à refléter les rayons de chaleur, il s’ensuit que, l’été, les vêtements blancs ne permettent point aux rayons solaires d’arriver jusqu’au corps humain. L’hiver, comme au contraire notre calorique vital atteint un degré infiniment supérieur à celui de l’atmosphère, lesdits vêtements empêchent ladite chaleur interne de s’échapper dans l’espace. Et voilà pourquoi la jaquette blanche devrait être l’uniforme de tous les êtres civilisés. »

Je vous dirai en confidence que Fritz a encore une meilleure raison à vous apporter. Cette raison tient à l’histoire de sa vie intime.

Fritz est jeune ; une respectable famille lui a donné le jour, et Paris est censé lui apprendre des notions de droit civil, que la puissante cité néglige peut-être de lui inculquer suffisamment. Le père de Fritz, se séparant de son fils bien-aimé, lui octroya deux grâces, après lesquelles le jeune homme était tenu de ne plus rien demander à l’auteur de ses jours, pas même une pension alimentaire. Ces grâces consistaient : primo, en ce que ledit Fritz entrerait chez un avoué, et y gagnerait son existence, estimée à 1,200 francs de rente ; secundo, en la connaissance qu’on lui fit faire d’un certain tailleur, brave homme, très-bien achalandé, et disposé à créditer mon ami aux dépens de la bourse paternelle.

Fritz partit, et, comme il y avait en lui l’étoffe d’un garçon original, il usa ou plutôt abusa ainsi des deux faveurs.

Il n’alla pas même rendre visite à l’avoué ; en revanche, il cultiva régulièrement la connaissance du tailleur.

La quantité de redingotes, d’habits, de paletots, de pantalons et de gilets qu’il commanda à ce dernier est incalcula-