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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

mur, la même qu’Eugène Sue a dépeinte dans Les Mystères de Paris, me jeta par deux fois ce cri lamentable :

« Assassin ! assassin ! »

Et puis je réfléchis que, si je demeurais seul sur le bateau, je me noierais, et n’aurais pas le temps de faire pénitence.

Je composai donc hypocritement mon visage ; mais, au premier paré à virer, j’arrêtai Fritz par le bras.

« Nous ne courrons plus de bordées.

— Pourquoi cela ?

— Parce qu’elles me font mourir à petit feu. Je te prie en grâce, épargne-moi ton paré à virer.

— Pourquoi donc encore ?

— Parce que je me sens capable de t’assassiner.

— Qu’à cela ne tienne ! Nous prendrons un petit garçon à Bercy.

— Et moi ?

— Toi, tu es un fainéant, tu ne feras plus rien.

— Alors, abordons vite, et passons la nuit n’importe où. »

La barque glisse sur le sable, nous l’attachons solidement à un pieu ; nous gravissons la berge.

Une maison se présente à nos yeux.

À la lueur d’une mauvaise lanterne, Fritz parvient à déchiffrer ces mots, écrits en grosses lettres noires sur une pancarte rouge :


BEAUFUMÉ
donne à boire et à manger

« Bravo ! » dit Fritz.