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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

— Ils ne pourront rien dire, ils en ont mangé, » exclama l’auditoire.

Et l’hôte corpulent engagea un avant-deux effrayant avec sa fille, en répétant sur tous les tons :

« Ils en ont mangé ! ils en ont mangé !

— Sacrebleu ! cria Fritz en se levant, il faudrait pourtant savoir à quoi s’en tenir. En vérité je regrette mon canot ; je regrette étonnamment mon canot.

— Honorables messieurs, commençai-je en pliant ma serviette, vous serait-il loisible de nous expliquer en quoi nous pouvons exciter tant de joie parmi votre bénévole compagnie, lui ayant été si désagréables tout à l’heure, nous ne savons également pour quelle raison ?

— Monsieur, dit l’hôte, je connais la loi…, si je suis condamné, vous le serez aussi. Pourquoi ne le seriez-vous pas ?

— Pourquoi ne le serait-il pas ? répéta le chœur.

— Messieurs, criai-je, un peu de silence. On se croirait à la première représentation d’Œdipe roi. »

Et me tournant du côté de l’hôte :

« Expliquez-moi, mon brave, comment et pourquoi nous pouvons être condamnés.

— Pourquoi ?

— Oui.

— Ne m’avez-vous pas dit que la chasse est prohibée ?

— Je ne croyais rien vous apprendre.

— En vérité ? Mais…

— Mais quoi ?

— Mais, ne vous connaissant pas…, n’ayant pas l’honneur de savoir…, je vous ai confié…, car je le lui ai confié, pas vrai ?

— Vous le lui avez confié, dirent les assistants.