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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

sidéré, n’en est-il pas réduit là ? Il a, me direz-vous, les écoles de natation. Dites plutôt qu’il ne les a pas.

Les écoles de natation sont à elles-mêmes et à un petit nombre d’habitués.

Puis, voulez-vous que je vous dise ce que c’est qu’une école de natation ? Aussi bien nous en côtoyons une, et je puis vous la décrire.

Figurez-vous un carré de planches, baignant dans l’eau. Cela forme une cabane, à peu près semblable à une baraque de saltimbanques, et, comme cette dernière, coloriée diversement. Un drapeau surmonte le faîte : le drapeau est aujourd’hui l’ornement de toute maison qui sert ou croit servir à quelque chose. Entre ces planches, il y a de l’eau ; cette eau forme un grand bassin ou réservoir, dans lequel on descend par quelques marches ; il est d’ordinaire divisé en deux parts : l’une où l’on peut se noyer, pour les amateurs : l’autre, où l’on prend également pied partout : c’est, je crois, le terme consacré. Au bout du bassin s’ouvrent des cabines microscopiques, où chacun a le droit de se déshabiller et de se rhabiller, dans le cas toutefois où les vêtements n’ont pas été saisis par le voisin. J’ai toujours trouvé bizarre qu’on crût devoir se renfermer loin des yeux jaloux, pour se débarrasser des vêtements nécessaires, lorsqu’une fois revenu à l’état de nature, on ne craint pas d’ouvrir sa porte et de marcher gracieusement vers les eaux à travers trois cents personnes. Je crois que la pudeur consiste simplement à dérober à tous les yeux son gilet de flanelle et ses jarretières, shocking !

La toilette des femmes ne renferme-t-elle pas les mêmes mystères ? Ayez le malheur de pénétrer dans un cabinet de toilette : si le cou de votre intime amie n’est pas chastement recouvert d’un épais fichu, elle se sauvera dans les bras de