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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

Nous ne blâmons pas ces bandes de toile, quoiqu’on eût pu mieux faire : nous demandons seulement pourquoi cette différence, ces messieurs étant, d’habitude, moins rigoureusement vêtus que ces dames.

Tous ces bains froids sont d’ailleurs à fort bon marché, comme le témoignait, il y a quelques années, l’affiche d’un industriel, affiche ainsi conçue :

« Bains à fond de bois pour les dames à quatre sous. »

On fit remarquer à cet industriel l’impertinence contenue dans la fin de sa phrase, qu’il a reformée ainsi :

« Bains à quatre sous pour les dames à fond de bois. »

Ne vous fiez pourtant point à ces annonces. Ce sont de ces bons marchés qui ruinent.

Dans le bain, rien n’est compris que l’eau ; c’est une ruse de commerce. Tous les accessoires, vêtements, personnel ou autres, se paient à part, et fort cher. Quelque part où vous alliez dans notre ville, il est nécessaire de porter sur soi le quintuple de la somme annoncée à la porte.

Ou il n’y a personne au bain, ou il y a trois cents individus dans un local qui en contiendrait cinquante à grand’peine. Ces trois cents individus barbotent dans une eau saumâtre, ou plutôt, serrés les uns contre les autres, grelottent à la même place durant les quelques minutes qu’ils attribuent eux-mêmes à ce plaisir. Or, il y a environ dix écoles à Paris : donc trois mille personnes ainsi occupées.

Mais songez que cent mille bourgeois, envieux à la même heure de la même récréation, attendraient à la porte s’ils respectaient la loi. Ne sont-ils donc pas excusables de fuir à la