recherche de bords plus paisibles, d’une onde plus pure et moins fréquentée, et d’où l’on ne soit pas obligé, au sortir du bain, de retourner se laver chez soi ?
Ne vous indignez donc pas trop si vous rencontrez comme moi, à quelque détour du fleuve, précisément sous l’écriteau de la défense, quelque gentleman gravement occupé à s’essuyer les bras avec une serviette mouillée.
Personne d’ailleurs ne s’aventure jusqu’à l’eau pure de la Marne. On étonnerait beaucoup les Parisiens, en leur apprenant la différence qui existe entre la rivière et le fleuve, et comment ils devraient préférer la première. Bien des gens ignorent qu’il y ait diverses espèces d’eaux et qu’elles se bonifient ou se gâtent suivant les lieux qu’elles traversent, le sable ou les cailloux de leur lit, les corps et les objets qu’elles charrient. Ne prétend-on pas, à Chalon-sur-Saône, que le bourgeois de Paris croit à l’existence indéfinie du même fleuve ?
Un jour, dit-on, quelqu’un, montrant la rivière à un commis voyageur, lui faisait remarquer la beauté de la Saône.
« Ah ! vous appelez cela la Saône ? dit le commis.
— Mon Dieu ! oui.
— À Paris, nous disons la Seine. »
La chose est historique, ne nous en déplaise à tous.
« Sur le rivage assemblons-nous. »
— Tu chantes ? dis-je à Fritz.
— Que faire en un canot, à moins que l’on n’y chante ? et toi ?
— Moi, j’ai faim. »