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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

Je ne sache qu’un mobile aux actions humaines :

L’intérêt.

Or, l’intérêt, c’est la vanité.

Et l’intérêt se montre même dans les religions.

Il n’y a pas de religions sans croyance à l’immortalité. N’est-ce pas l’intérêt du fidèle d’acheter des jouissances infinies par quelques maux terrestres ?

Et cela est si vrai que cette parole nous est dite chaque jour. Non-seulement cette parole sort des religions, mais elle seule fait les religions ; elle seule donne des croyants.

Et quelle plus grande vanité à satisfaire que celle d’occuper un trône au paradis ?

Ici, par vanité nous n’entendons pas chose vaine, Dieu nous en garde et la raison aussi ! nous voulons dire : Satisfaction de désir ambitieux.

Est-il mal qu’il en soit ainsi ?

Non certainement, puisque c’est la loi de nature.

Que dirions-nous d’un homme qui ferait le bien sans espoir ?

Qu’il est un sot.

Que dirions-nous d’un homme qui se damnerait pour sauver son prochain ?

Qu’il est un fou.

Et toutes les religions le diraient avec nous, car ne doit-on pas sacrifier l’univers pour le seul salut de son âme, et n’est-il pas écrit dans le Livre des Livres :