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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

C’était Le soir. J’avisai, dans la profondeur d’un sentier ténébreux, une lumière qu’on semblait follement agiter par intervalles inégaux. L’écrivain est semblable à l’enfant : tout éclat nouveau l’attire. Au péril de ma vie, je me dirigeai vers cette lumière.

Une maison se dressa devant moi. Était-ce bien une maison ? N’auriez-vous pas plutôt pris ces quatre murs pour une gigantesque chaudière, dans laquelle bouillonnait sur des charbons un compte plus ou moins rond de suppôts de l’enfer ?

Je ne sais, mais je m’arrêtai devant la porte.

Pas une lumière dans la rue ; quelques ombres blanches que la moralité a peine à définir.

La porte, porte d’allée s’il en fût, donnait sur une cour étroite et d’autant plus noire que la salle voisine paraissait plus brillante. Autant que je pus le remarquer du dehors, cette cour était abominablement malpropre : d’un côté, des fagots entassés, mêlés avec des débris de planches, dont les taches de boue qui les couvraient pouvaient être, par la peur, prises pour des taches de sang. L’amas de ces fagots et de ces planches s’élevait si haut qu’il vint à mon esprit une idée horrible :

« Si c’étaient les débris des incendies et du pillage, et que ce centre en fût le dépôt… »

L’autre coin me rassura. Une douzaine de tonneaux y étaient semés sans ordre, mais s’offraient à vous avec des poses si gaillardes et un air si guilleret, qu’il était impossible de croire qu’en aucune façon ce fussent là des tonneaux de brigands, ou l’apparence serait bien trompeuse. L’un s’arron-