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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

les hôtes assidus de ces hôtels bénévoles ? Et l’on nous déclare en progrès, aujourd’hui que tout cela est changé, et qu’il n’y a plus moyen pour le moindre petit fripon de circuler dans nos larges rues ou d’exercer son métier dans nos carrefours sans être pris au collet d’une façon peu convenable par un homme habillé d’une tunique noire et ceint d’une épée de gentilhomme. Bon Dieu ! Mais comment ces gens-là vivront-ils ?

Aujourd’hui voulez-vous savoir ce qu’est un tapis franc ? Le Lapin-Blanc vous est ouvert. Mon Dieu oui, ce même Lapin-Blanc dont la cour étroite et boueuse vit cet illustre combat, nommé depuis des coups de poing de la fin. Ce même Lapin-Blanc…, mais rassurez-vous, on y pénètre aujourd’hui sans certificat de voleur et sans titres de prince.

Nuls quartiers ne sont nécessaires ; il suffit de posséder une blouse et une modeste casquette.

Par exemple, je ne vous conseillerais pas de vous y présenter en habit noir. La société, bien que convenable, serait peut-être gênée en votre présence, l’usage de ce vêtement lui étant inconnu. Or, la première condition de toute politesse est de ne point mettre dans l’embarras les gens que l’on visite. Manquer à cette loi est désagréable pour les deux parties.

J’insiste sur ce point par une excellente raison. À la vérité, je ne sais pas, monsieur, si vous vous résoudrez à cette démarche. Pour vous l’éviter, je vous décrirai le Lapin-Blanc, comme si… Mon Dieu, pourquoi mentir ? Je l’ai vu.

Or, vous le savez maintenant, tout en estimant spécialement ces deux états, je tiens à ne point passer à vos yeux pour un voleur ou pour un prince. Je suis poète, c’est bien assez. Quant à la blouse et à la casquette… nous passerons, Si vous y consentez.