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XII

la fontaine saint-michel. — la sagesse des nations. — l’enterrement des grands hommes. — le sabre de bois.


J’ai connu un monsieur fort honorable, qui jamais n’eût passé devant la Morgue sans en franchir le seuil. S’abstenir de cette visite lui paraissait péché mortel. Les jours où je me promenais à son bras, dès que nous posions le pied dans une partie quelconque de la Cité, mon homme, rompant toute étreinte, abandonnant subitement l’entretien le plus intéressant, me tournait brusquement le dos. Il me rappelait ces vénérables chartreux, esclaves de la règle, qui, dès que la cloche annonçait le repos, laissaient là leur travail, n’osant pas achever la lettre commencée.

« Où allez-vous ? lui criais-je.

— Je vais à la Morgue » répondait-il, d’un ton plus étonné que le mien : on passe… »

On passe était la seule raison qu’il lui fût possible de donner à son abandon.

Peut-être agissait-il sans motif, par habitude. Peut-être aussi croyait-il remplir un devoir. Ne pouvait-il reconnaître