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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

respecte. La différence existant de l’impériale à l’intérieur consiste dans la diminution de prix et dans la privation de correspondance.

Expliquons pour les lecteurs de province ce qu’on entend par correspondance.

Je suppose qu’un d’eux ait à se rendre de la barrière de l’Étoile à la barrière du Trône. Nul omnibus ne fournit cette course entière. Le voyageur n’en a pas moins droit de s’y faire transporter pour trente centimes. Il monte dans une voiture qui le conduit au Louvre, environ mi-chemin, et déclare son intention au conducteur.

Celui-ci fait un signe de tête approbatif, tire gravement un carnet de sa poche, et remet dans les mains du solliciteur une petite bande de papier oblongue, sur laquelle sont inscrits quelques hiéroglyphes indéchiffrables.

Le demandeur la recueille avec un soin religieux ; il la serre avec respect, car cette bande représente ses trente centimes.

Arrivé au Louvre, il descend, se présente au bureau devant lequel est arrêté l’omnibus qui l’a conduit, et offre son billet à un monsieur brodé qui siège dans un comptoir.

Le monsieur lui demande où il va ; notre voyageur répond, reçoit un bulletin portant un numéro quelconque, variant de 4 à 48, plus souvent 48 que 4, et attend.

Une voiture passe : c’est l’omnibus du Trône.

Quatre fois sur cinq, il est complet ; dix-neuf fois sur vingt, les personnes qui jouissent des premiers numéros absorbent les places vides. En prenant les chances moyennes, notre homme attend trois quarts d’heure ; certes, s’il est pressé, l’attente est désagréable ; mais n’a-t-il pas toujours le droit de finir sa route à pied ?

Enfin son tour arrive : il s’étend dans sa stalle, et, trois