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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

journées. Dumas est un héros de juillet, héros inconnu, mais d’autant plus sublime.

Le grand écrivain a vaincu, je vous donnerais en cent à dire où et comment, si je ne vous l’expliquais.

Devant le palais de l’Institut, ancien collège des Quatre-Nations, et qui, bien qu’on en dise, n’est toujours qu’un collège, sont quatre lions couchés, et mangeant leurs pattes avec un religieux appétit. Le romancier, son fusil à la main, se tint durant trente-six heures derrière un de ces lions ; y put-il boire et manger ? Question oiseuse que ne s’adressait pas d’Artagnan. Là il prit le Louvre ; là il triompha.

Il explique lui-même comment, la mitraille balayant le pont, il fut contraint de s’abriter dans cette cachette ; j’en eusse fait tout autant. Où je le comprends moins, c’est lorsqu’il affirme avoir soutenu le feu avec vigueur, et fait reculer la troupe sous une pluie de balles. N’osant accuser de mensonge le plus vénéré de nos amis, il nous parut bon d’occuper à notre tour la position indiquée, et nous reconnûmes douloureusement l’impossibilité matérielle d’y tirer sur quelque chose, si ce n’est dans l’oreille de son voisin.

Mais l’artillerie aura sans doute aperçu la crinière du grand Dumas au dessus de la crinière du lion, et l’illustre poète attribue à son fusil une victoire qu’il ne dut qu’à lui-même.

Je ne saurais trop m’étonner du nombre de maisons inhabitées, qui usurpent, dans les grandes villes, l’espace destiné aux citoyens. Je ne veux point entreprendre, sur les rouages administratifs, une thèse qui aboutirait simplement à supprimer la machine. Grâce à Dieu et à ma bonne étoile, je ne m’occupe pas de ces choses-là.