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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

et monuments de toute espèce ; aujourd’hui portes et fenêtres sont un objet de luxe destiné seulement à payer une cote personnelle. On n’entre pas par les portes, mais on ne voit pas clair par les fenêtres.

— Alors je donne ma langue aux poissons.

— Sache qu’il y eut un jour au collège des Quatre-Nations un écolier qu’on voulut fouetter.

— Le fait n’est pas assez rare pour…

— Oui, mais ce qui est plus rare, le fouetté tua le fouetteur.

— Fichtre !

— Voltaire cite ce fait, et je crois qu’on s’en souviendra longtemps après que M. X… et les autres académiciens auront perdu leur prestige,

— Rien d’étonnant. La queue du chien d’Alcibiade a plus fait pour sa gloire que ses exploits.

— De même, dit Fritz, qu’un homme tire souvent sa grandeur de sa nullité, je crois qu’un monument a d’autant plus de chances de gloire, qu’il ne s’y est rien passé de remarquable. Regarde cette fenêtre. »

Je me tournai de l’autre côté, et vis que le second point qui attirait les yeux de Fritz était le balcon doré de la galerie d’Apollon.

Un chroniqueur raconte que Charles IX, penché à l’une des fenêtres du vieux Louvre, arquebusa durant une nuit les huguenots qui passaient. On ne sait où le roi se mit ; mais ce balcon est demeuré célèbre.

— Pourquoi ?

— Parce qu’on est certain que ce n’est pas là.