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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

jeunes et sans expérience, dans l’ardente mêlée des esprits ; je veux apporter à la lutte une âme trempée dans la science, comme une épée bien fourbie ; je veux que mon journal…

— Tu fonderas un journal, dit Fritz.

— Je veux que mon journal soit nourri…

— Bravo, dit encore Fritz ; et ses rédacteurs aussi ?

— De pensées…

— Et de style ?

— Qui le nie ? point de ces courtes phrases, que le cerveau étroit et poussif de nos hommes de lettres a peine à parcourir du sujet à l’attribut ; revenons à la période de Bossuet.

— Et du père V***, pensai-je.

— Et sachons enfin tracer une ligne de démarcation entre la haute philosophie, la profonde politique et les faiseurs de couplets et de chansons qu’on appelle les poètes.

— Pardon, monsieur, interrompis-je ; pourriez-vous me dire quel est ce dôme que j’aperçois là-bas ?

— Je l’ignore, » dit-il.

Fritz partit d’un éclat de rire.

« Comment, Jonathan, tu ignores que ce dôme est celui des Invalides ?

— Oh ! mon Dieu, dis-je, monsieur aura cru que je lui parlais littérature. »