riez, Monseigneur, qu’il n’est pas nécessaire de s’y connaître pour s’y haïr.
Je crois que j’ai eu tort de me reposer le septième jour, et que mon œuvre n’était pas achevée. Mais écoutons ces gens-là.
Tu me demandes ce que je fus, et quel droit j’atteste pour prendre ta place auprès du bon Dieu ; je vais te le dire. Je fus un homme intègre. Longtemps soldat, je tuai pour le compte de mon général, et j’obtins la croix d’honneur et des grades. Jamais je n’eus une pensée en dehors de mon service ; j’eus pour Évangile ma consigne, et pour religion la loi. Je n’assassinai jamais personne, que devant quatre témoins ; je ne pris de force aucune femme, si ce n’est la mienne. Jamais je n’ai soustrait une obole à la bourse de mon frère ; ayant atteint les emplois supérieurs, je fus mis par l’État à la tête des finances de l’armée. J’eus mille fois l’occasion de m’enrichir ; je mourus pauvre. Toi, au contraire, vil commerçant, qui n’eus pendant ta vie qu’une passion, celle de l’or, qu’un projet, celui de gagner des millions, qu’une crainte, celle de les perdre, voleur impudent qui exploitas le genre humain, à l’abri de ta connaissance des affaires, que viens-tu lutter avec moi pour mon fauteuil dans ce jardin ? Retire-toi plutôt, et va dans les lieux bas rejoindre les juifs et les usuriers, tes complices. Amant de la fortune, place à l’amant de la gloire.
Les actes se jugent par leurs résultats. Il est vrai, je me