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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

La place Saint-Sulpice sépare le quartier Latin du faubourg Saint-Germain. Nous allons pénétrer dans ces premières rues sales et tortueuses qui donnent entrée dans le sanctuaire de l’aristocratie. Il en est de ce pays comme du paradis : les chemins qui y conduisent sont hérissés d’obstacles et n’inspirent aucune confiance.

Au point où j’en étais, rien n’eût pu m’arrêter, je continuai donc bravement ma route.

Les alentours de l’église sont occupés par des libraires classiques et religieux qui, pour la plupart, s’y sont donné rendez-vous. Presque tous les quartiers de Paris ont ainsi leur commerce spécial et leurs rues habitées par ce commerce unique. Ceux-là, je parle de mes libraires, sont tous riches ; on ne saurait croire combien rapporte la foi. Pour n’en citer qu’un exemple, vous connaissez ces images brodées, imitant la dentelle, qu’on serre dans des livres de prière et que les jeunes filles se distribuent comme souvenirs ; eh bien, la maison qui les créa, je ne sais plus comment elle se nomme, gagne encore aujourd’hui des millions avec ce seul produit. Et l’on prétend que la religion s’en va.

Il n’y a peut-être pas de journal plus répandu que la Semaine religieuse, cette petite feuille qu’on vend à la porte de l’église et qui rappelle le nom des confesseurs et offices du jour. Les sommes que recueille la direction sembleraient fabuleuses ; elles dépassent le bénéfice des grands journaux.

Pourquoi ne publie-t-on pas ces résultats glorieux ? En vérité, il y a là un miracle aussi grand et aussi continuel que la dispersion des juifs.