Page:Henri Maret Le tour du monde parisien 1862.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

42
LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

et trouverait sa femme dans l’intérieur d’un de ces hôtels dont il rase la façade avec son omnibus.

Consolons-nous : peut-être serait-il aussi pauvre ?

La rue de Grenelle, suivie avec acharnement, nous jette dans la rue de Bourgogne, et de là devant le Palais législatif.

Ne serait-ce pas une singulière histoire que celle de ce monument, si quelqu’un osait l’écrire de façon anecdotique, nous parlant tour à tour de tous ceux qui s’y sont succédé ? Quelle foule ! que de gens, venus pour nous donner des lois, qui s’en sont allés sans avoir agi, ou dont les constitutions n’ont duré qu’un jour ! Marius, rêvant sur les débris d’un temple, dans Carthage détruite, comparait la grandeur de cette ville à celle de son nom, à lui, Marius ; et, voyant la puissance de l’une abattue comme la gloire de l’autre, il pensait aux vanités humaines. Aujourd’hui Marius, chassé de Rome, pourrait venir songer plus profondément encore sur le péristyle d’un palais debout ; car le vent qui pousse notre siècle est si rapide que les choses et les hommes sont emportés avant que le temps ou la guerre aient détaché une pierre de l’édifice qui les contenait.

La place de la Concorde est, dit-on, la plus belle du monde. Je le crois. Elle est aussi la plus exposée aux ardeurs du soleil. C’est un lac de rayons brûlants, qu’il est impossible de traverser au mois de juillet sans risquer d’en devenir fou. La réverbération du sol et des palais empêche de sentir la fraî-